Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/190

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glace. Au loin, le soleil dorait les sommets des collines de Saint-Vincent et des Fougerays. Sur l’extrême pointe de la plus haute de ces collines, au milieu d’une vieille forêt majestueusement étagée, se dressait l’ancien château seigneurial de Penhoël, possédé maintenant par la famille de Pontalès.

La belle et fraîche lumière du matin inondait l’opulent paysage. Impossible de rêver un coup d’œil plus gracieux et plus riche à la fois.

Robert souriait. Il comptait les guérets, les taillis, les prairies ; et c’était un regard de conquérant qu’il promenait sur la contrée.

Il entra dans le cabinet de Blaise, qui dormait toujours comme un bienheureux.

— Lève-toi, dit-il en le secouant brusquement.

Le gros garçon se frotta les yeux et sauta sur le plancher.

— Diable !… grommela-t-il, je rêvais que nous avions emporté l’argenterie du château, et que Bibandier, habillé en gendarme, nous conduisait à la prison.

Robert le prit par le bras en haussant les épaules, et l’entraîna jusqu’à la croisée.

— Regarde !… dit-il d’un ton emphatique.

— Tiens, tiens !… s’écria Blaise, dont les yeux étaient tombés tout d’abord sur le marais ;