Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/45

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Le maître du Mouton couronné fut un instant avant de répondre.

— Pour ça, répliqua-t-il enfin, Penhoël a toujours été l’honneur du pays depuis que le monde est monde ! Monsieur est un bon chrétien, madame est une sainte… Mais il y en a qui disent que le nom de Penhoël serait mieux porté encore si l’aîné n’avait pas quitté le pays pour aller le bon Dieu sait où…

— Ah ! dit l’Américain comme s’il eût été initié déjà en partie aux secrets de cette famille dont un chiffon de papier lui avait révélé l’existence par hasard, on parle encore de l’aîné ?

— On en parlera toujours, répliqua l’aubergiste avec lenteur et d’un accent de tristesse.

— Et cependant, reprit Robert, il y a longtemps déjà qu’il est parti !…

— Voilà bientôt quinze ans… Mais qu’importent les années quand on a laissé un bon souvenir au fond de tous les cœurs ?

Robert croisa ses mains sur ses genoux et hocha la tête d’un air attendri.

— Pauvre cher Penhoël !… murmura-t-il.

Le bonhomme Géraud, qui s’était incliné tout pensif, se redressa vivement et jeta sur Robert un regard étonné.

Sa surprise n’était pas plus grande que celle de Blaise, qui suivait cette scène avec la curiosité