Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/79

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dont les ornements modestes accusaient néanmoins le style fleuri du XVIIIe siècle. Au fond de la grande cheminée en marbre brun brûlait un bon feu de souches, dont la flamme vive éclairait la chambre presque autant que la terne lumière des chandelles.

Nous eussions trouvé là, réunis et tuant les heures lentes qui précèdent le souper, tous les personnages mentionnés par maître Géraud dans le précédent chapitre.

À l’un des angles du foyer, autour d’une petite table carrée, se tenaient le maître de Penhoël, l’oncle Jean et deux hôtes du manoir, engagés dans une partie de cartes.

René de Penhoël était un homme de trente-cinq ans à peu près, robuste de corps et pouvant prétendre au titre de beau cavalier. Ses traits réguliers se chargeaient seulement d’un peu trop d’embonpoint, et les boucles de ses cheveux châtains tombaient sur un front où manquait l’énergie. L’aspect général de son visage peignait une humeur paresseuse et lourde.

L’oncle Jean était un vieillard. Impossible de voir une figure plus vénérable et plus digne. La bonté sans bornes se peignait dans ses grands yeux bleus, baissés presque toujours timidement. Son front large et un peu fuyant avait une couronne de cheveux blancs, légers et fins.