Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/102

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Cyprienne lui ferma la bouche d’un geste où la colère et la tendresse se mêlaient à doses presque égales.

— Si c’est assez d’une victime, ma sœur, dit-elle, Étienne part, Étienne vous aime… Que n’allez-vous avec lui à Paris ?…

Elle passa son bras autour de la taille de sa sœur.

— Non, non !… se reprit-elle, oh ! non ! ne m’abandonne pas !… Que ferais-je sans toi ?… Mais ne me parle plus de fuir, quand tu restes, je t’en prie !…

Diane l’attira contre son cœur.

— Je ne t’en parlerai plus, dit-elle ; pardonne-moi… Je t’aime tant et j’aurais tant de joie à te voir heureuse !… Et puis, tu ne sais pas, ma pauvre sœur ! on commence à nous combattre comme si nous étions des hommes !… S’ils allaient te tuer avant moi !…

— Me tuer ?… répéta Cyprienne.

— Hier, dans notre chambre, poursuivit Diane, je t’ai fermé la bouche au moment où tu allais me rendre compte de ta soirée… moi-même je ne t’ai rien dit de ce que j’avais fait… c’est que notre chambre n’est plus à nous, ma sœur !… Nous sommes épiées à notre tour… et dans le corridor qui mène aux appartements de Penhoël, j’avais entrevu la figure de Blaise qui nous suit comme notre ombre.