Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/13

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— Non fait !… mais on voyait bien qu’elle avait son idée… C’est M. de Blois, bien sûr, qui a fait du chagrin à l’Ange !…

Un menaçant murmure courut parmi les paysans.

Le père Géraud passa le revers de sa main sur son front.

— Oui… oui… pensa-t-il tout haut, cet homme-là est le malheur de Penhoël !… Et c’est moi qui lui ai enseigné le chemin du manoir !… Qu’auriez-vous fait, vous autres ? ajouta-t-il avec brusquerie en s’adressant aux vieux métayers qui l’entouraient. Il arriva chez moi… il me parla de l’aîné… voyez-vous, on ne devine pas ces choses-là, bien sûr qu’il a connu notre M. Louis quelque part !… Quand il me dit qu’il était l’ami de Penhoël, moi je lui aurais donné le dernier écu de ma bourse !…

Il mit sa tête grise entre ses deux mains, et poussa un gros soupir.

— Allons, allons, père Géraud, dit le fermier du Port-Corbeau, les temps sont mauvais pour nos maîtres, mais ça pourra revenir… Et quant à ce qui est de vous, tout le monde sait bien que vous êtes un bon cœur !… Penhoël est riche, après tout !…

— Riche ?…, interrompit l’aubergiste de Redon ; si vous saviez !…