Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/155

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dire adieu à ses serviteurs mourants… Alors, tout ce qui était bon et noble, Penhoël n’oubliait jamais de le faire… Mais il y a une autre agonie que celle du corps, et je n’en veux pas au fils de mon maître…

— Buvez, répéta Diane, cela vous soulagera.

— Il n’y a qu’une chose au monde qui puisse me soulager, répliqua le vieillard dont les traits flétris eurent presque un sourire ; c’est d’entendre votre voix douce auprès de mon oreille, Diane de Penhoël… Il y avait un homme que j’aimais plus qu’un père n’aime son fils unique et adoré… À mesure que j’avance vers mon dernier jour, les yeux de mon esprit voient mieux et plus loin… Il n’est pas mort… il reviendra peut-être quand il ne sera plus temps ! Mes filles, vous avez ses grands yeux de feu et vous avez son bon cœur… Quand je vais être là-haut à la porte du paradis, avant de parler pour moi-même, je prierai pour lui et pour vous…

Sa voix s’animait peu à peu, et sa tête renversée parmi les longues mèches de ses cheveux gris semblait prête à quitter l’oreiller.

— Non !… non !… reprit-il, répondant aux paroles qu’il avait entendues naguère, alors qu’il restait immobile et comme mort ; non, je ne suis pas fâché contre vous, mes filles… Je