Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/159

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pour l’absent, qui reviendra peut-être et qui n’aura plus de patrimoine, ou pour les filles de Jean de Penhoël…

« Mettez ceci dans votre mémoire, car je ne vous en reparlerai plus… Quoi qu’il arrive, que je sois vivant ou mort, que ce soit aujourd’hui même ou dans dix ans, vous êtes mes héritières, et les cent pièces de six livres sont votre bien… »

Cyprienne et Diane avaient des larmes dans les yeux.

— Pauvre bon père Benoît !… dirent-elles en même temps.

Le vieillard souriait d’un sourire amer et triste.

— Ne me remerciez pas, reprit-il, à moins que vous ne veuillez suivre mon conseil.

— Quel conseil ?…

— Aujourd’hui, à l’heure même où je vous parle… dites-moi adieu pour l’éternité, et sans prendre le temps de remonter au manoir, allez chercher l’argent qui est sous l’aune… Quand vous l’aurez, vous passerez l’eau et vous vous enfuirez, mes filles, aussi loin que la terre pourra porter vos pas.

Diane et Cyprienne secouèrent la tête.

— Et notre père ?… murmurèrent-elles en même temps. Et Madame… et l’Ange ?…