Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/194

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l’eau, tandis que la route commune nécessitait un long détour.

Ce n’était pas la première fois que les deux filles de l’oncle Jean couraient un danger prochain et terrible ; mais en ces moments leurs forces semblaient grandir avec le péril. Cyprienne semblait lutter avec un enthousiasme fougueux qu’exaltait la pensée du martyre ; Diane demeurait plus calme et se dévouait de sang-froid.

Elles avaient entendu l’entretien des ennemis de Penhoël. Elles savaient que leur sexe et leur jeunesse ne les défendraient point contre la colère de ces hommes. Elles n’espéraient point de quartier.

Mais loin de s’arrêter devant la menace entendue, elles y puisaient un nouveau courage. Dans leur vaillance virile, un sentiment d’orgueil enfantin s’élevait. On les craignait ! On prenait, pour les combattre, les mêmes armes qu’on eût employées contre des hommes ! Elles étaient fières.

N’avaient-elles pas entendu tomber de ces bouches ennemies l’aveu de leur puissance ? Sans elles, pauvres jeunes filles, Penhoël aurait succombé depuis longtemps !

Leur cœur battait de joie et non point de frayeur, car la lutte n’avait pas été stérile. Grâce