Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/204

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— Essayons plutôt de passer à Port-Corbeau, répliqua Diane ; il sera toujours temps de revenir ou de mettre nos chevaux à la nage…

La course recommença le long de la rivière.

Quand elles arrivèrent au passage du bac, il y avait à peine trois quarts d’heure qu’elles avaient enfourché pour la première fois leurs vaillants petits chevaux.

Il n’était pas tout à fait minuit, et le jardin de Penhoël montrait toujours, au haut de la colline, ses illuminations intactes. La fête en avait encore au moins pour une bonne heure.

Rien de suspect n’apparaissait, cette fois, sur la rive. Les deux sœurs rendirent la liberté à Bijou et à Mignon, qui regagnèrent en caracolant leur lit de gazon. Elles pensaient que bien leur en avait pris de ne point tenter le passage au pont des Houssaies, car ici aucun obstacle ne leur barrait la route.

— Allons ! dit Cyprienne en descendant vers les saules, nous voici à bon port… et nous aurons encore le temps de danser une contredanse…

Diane écarta les branches du saule…

Comme elle ouvrait la bouche pour lancer quelque gaie repartie, trois hommes, couchés dans l’herbe haute qui croissait au bord de l’eau, se dressèrent tout à coup sur leurs pieds.