Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— La petite barque allait tout droit vers le trou de la Femme-Blanche, grommela-t-il ; on n’aura besoin que de se laisser mener…

— Ah çà ! dit Robert, il faut prendre un parti… Elles doivent avoir de l’avance, et nous aurons de la peine à les rattraper !…

— Les rattraper !… répéta le uhlan ; il faudrait de meilleures jambes que les nôtres… Si vous les aviez vues comme moi courir la nuit sur la lande… Hope ! Bijou !… hope ! Mignon !… Ce sont de jolies petites filles tout de même !…

— Mais qu’allons-nous faire ?

Bibandier tira de sa poche sa pipe et son briquet.

— Voulez-vous vous allumer, M. Robert ?… dit-il ; nous avons joliment le temps d’en fumer une.

— Il ne s’agit pas de plaisanter…, commença M. de Blois d’un ton impérieux.

D’un seul coup sec et merveilleusement ajusté, l’ancien uhlan mit le feu à son amadou ; puis il atteignit sa pipe toute chargée et l’alluma en faisant claquer savamment ses lèvres.

Pontalès avait piteuse mine derrière les bords de son grand chapeau. La froide impertinence de ce drôle, comme il l’appelait au fond de son cœur, ne lui présageait rien de bon. Maître le Hivain songeait à sa maison dévastée.