Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/22

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— Tout à l’heure… continue.

— Écoute donc encore, reprit Roger. Quelques jours après, je revenais de Redon à pied… C’était à la hauteur du bourg de Bains, au milieu de la lande… il faisait clair de lune… J’entendais au loin sur la bruyère le galop de deux chevaux… Je ne prenais point garde, et je poursuivais ma route… Au moment où les deux chevaux passaient près de moi lancés à pleine course, je levai la tête… Les deux chevaux étaient montés par des femmes… Je criai : « Diane ! Cyprienne ! » Nulle voix ne me répondit. Je voulus courir ; mais les deux femmes se perdaient déjà dans l’ombre, et le pas de leurs chevaux s’étouffait au loin sur la lande.

— Il était tard ? demanda Étienne.

— Onze heures du soir.

— Et ce jour-là, les Pontalès n’étaient-ils pas à Redon ?…

Roger se frappa le front.

— Tu m’y fais songer ! s’écria-t-il, les Pontalès étaient à Redon !

— Mais était-ce bien elles ?… dit le peintre.

— Tu vas voir !… Il n’y avait pas possibilité de les rejoindre… Après avoir fait quelques pas en courant comme un fou, je repris le chemin de Penhoël. En arrivant au bac, je demandai au vieux