Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/229

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Au moment où Roger prononçait ces dernières paroles, pleines d’espoir souriant et de foi dans l’avenir, la figure de Bibandier sortit de l’ombre, à quelques pas derrière lui.

Le maigre visage du uhlan était couvert de pâleur ; ses yeux roulaient, hagards, et ses cheveux mêlés se hérissaient sur son crâne.

Les deux jeunes gens ne le voyaient point ; par contre, les complices qui guettaient son arrivée l’aperçurent tous à la fois.

Le sourire contraint de Robert et de Pontalès se glaça sur leurs lèvres. Macrocéphale aurait voulu fuir, et Blaise faillit laisser tomber le plateau qu’il tenait à la main.

Il leur semblait à tous que le bal entier devait voir à nu leur détresse et deviner ce que signifiait l’apparition de ce visage livide du uhlan, qui se montrait à demi derrière l’une des portes du salon de verdure.

Cette apparition ne dura, d’ailleurs, qu’un instant. Lorsque les quatre complices s’enhardirent à jeter vers la porte un second regard, Bibandier avait déjà disparu.

Il prit une des allées du jardin au hasard et se dirigea vers un berceau désert.

Sur son passage, sans savoir ce qu’il faisait, il éteignait les lampions, comme si la lumière eût blessé sa vue.