Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour quiconque aurait pu observer à nu cette âme brisée par une suprême angoisse, la scène, si calme en apparence, aurait pris un caractère terrible et à la fois souverainement touchant.

Sur cette douce enfant qui s’endormait, souriante, il y avait une fatalité mystérieuse. Madame avait deviné un secret funeste, une chose cruelle, inattendue, accablante, une chose extraordinaire jusqu’à paraître impossible.

Mais dans le passé de Marthe de Penhoël, il y avait un mystère du même genre, qui la faisait crédule, et pouvait lui donner foi à l’impossibilité…

Elle avait douté d’abord, cependant. Comment ne pas douter en face de cette pure et radieuse innocence ? La candeur de l’Ange parlait en quelque sorte plus haut que l’évidence elle-même.

Dès que venait le doute bienfaisant, Madame l’accueillait avec ardeur. Elle espérait ; ses craintes lui paraissaient alors insensées. Puis ses propres souvenirs revenant en aide à l’évidence, elle croyait de nouveau et retombait au plus profond de son découragement…

Et, depuis quelques jours, sa vie se passait en ces alternatives. Toutes ses autres souffrances faisaient trêve ; toutes ses autres craintes se taisaient…