Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/55

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graves qui se taisaient et qui attendaient. L’homme de loi le Hivain, surnommé Macrocéphale, les abhorrait pour cause ; M. Robert de Blois et son domestique Blaise les détestaient cordialement ; il n’y avait pas jusqu’au puissant marquis de Pontalès qui n’eût contre elles une aversion bien décidée.

De tout cela elles ne s’inquiétaient point trop en apparence. Elles continuaient leur vie solitaire, et qu’on aurait pu croire occupée à quelque œuvre mystérieuse, si la frivolité de leur âge et leur inaltérable gaieté n’avaient repoussé bien loin ce soupçon.

On les voyait, en effet, toujours joyeuses, comme si leur conscience eût souri sur la sereine beauté de leurs jeunes visages.

Étienne seul et Roger avaient pu voir parfois, en des occasions bien rares, leurs fronts soucieux…

Elles avaient alors à peu près dix-huit ans.

Toutes deux étaient de ces natures qu’il faut expliquer, parce qu’on ne les devine point. Malgré leur extrême jeunesse, elles portaient un masque attaché solidement. Ce masque, c’était leur gaieté même.

Au temps où nous les avons vues, dans le salon de Penhoël, poursuivre avec Roger de Launoy leur causette enfantine, leur gaieté vive