Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/54

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Ce qui était bien certain, c’est qu’elles étaient bonnes comme leur père, le meilleur des hommes, et comme leur défunte mère, dont tout le monde se souvenait ; c’est qu’elles étaient plus jolies que les anges qu’on voyait sourire dans les tableaux de la paroisse ; c’est qu’enfin elles ressemblaient, au dire des vieillards, à ce fils aîné de Penhoël, beau et vaillant comme les héros des traditions antiques.

En revanche, Cyprienne et Diane n’avaient point su trouver grâce auprès de la société. Le chevalier et la chevalière de Kerbichel, les trois vicomtes, madame veuve Claire Lebinihic, les demoiselles Babouin des Roseaux de l’Étang, leur jeune frère Numa et autres notables les tenaient au plus bas de leurs dédains. La Romance, l’Ariette et la Cavatine déclaraient, à qui voulait les entendre, que ces petites mendiantes, n’ayant ni sou ni maille, étaient la honte du pays.

Elles dansaient comme des effrontées avec leurs jupes de cinq sous et leurs bonnets ronds ! Elles montaient à cheval et galopaient comme des garçons ! Elles raclaient de la harpe, enfin, à la grâce de Dieu, et criaillaient de vieilles, vieilles chansons d’avant le déluge !

Haine d’artistes…

Les deux sœurs en avaient soulevé de plus