Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/95

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En quelques minutes, le taillis fut traversé. Les deux sœurs se trouvaient de l’autre côté de la maison, au bout de l’antique muraille et sous la Tour-du-Cadet, dont les créneaux à jour surplombaient au-dessus de leurs têtes.

Diane s’arrêta, essoufflée. Elle porta la main à son front brûlant, puis à son cœur qui battait douloureusement.

— As-tu entendu ?… murmura-t-elle.

— J’ai entendu, répondit Cyprienne ; ma pauvre sœur !…

Elle voulut lui prendre la main ; Diane se jeta dans ses bras en pleurant.

— Demain…, disait-elle parmi ses larmes, dans quelques heures, je l’aurai vu pour la dernière fois !… Oh ! sait-on comme on aime ?… Hier j’aurais cru pouvoir sourire en parlant de son départ !…

— Si tu lui disais de rester…, murmura Cyprienne, il resterait.

Diane garda le silence. Un instant, les deux sœurs se tinrent encore embrassées ; puis Diane se redressa tout à coup. Elle essuya ses yeux où restaient quelques pleurs.

— Non, non ! dit-elle ; je ne lui demanderai pas de rester !… Autour de nous il n’y a que malheur… Ce malheur est à nous, qui sommes les filles de Penhoël ; pourquoi le faire partager à