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CHAPITRE XVI.

Et pourtant il me fallait ces preuves de ma honte !

Marthe joignit ses mains.

— Plus tard, reprit Penhoël en lui imposant silence d’un geste brutal, je vous dirai quel prix j’ai payé ce portefeuille… Maintenant, puisque je l’ai acheté, je veux en jouir… Il nous reste une bonne heure pour lire ensemble ces lettres chères… Ah ! nous allons bien nous divertir, madame !…

La voix de Penhoël éclata sourdement, tandis qu’il prononçait ces dernières paroles. Il était impossible de prévoir le dénoûment de cette scène. Comme tous les gens habitués à l’ivresse, Penhoël gardait longtemps un masque de raison et de gravité ; mais sous ce masque menteur se cachait une véritable démence.

Il pouvait parler et penser dans une certaine mesure, mais nul frein ne lui restait, et cette froide fantaisie de railler qui le tenait en ce moment ne faisait que retarder l’explosion de sa colère aveugle.

D’ailleurs, il buvait toujours, et la lueur de sens qui éclairait encore sa cervelle troublée allait bientôt s’éteindre…

Marthe était sans défense dans cette maison qui semblait abandonnée. Elle ne pouvait point fuir. Quand son regard cherchait d’instinct au-