Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
LES BELLES-DE-NUIT.

désertant le toit paternel ; mais en somme, elle n’avait pas à leur demander leur extrait d’âge.

On en voit tant partir comme cela des provinces pour aller chercher fortune à Paris ! Sur le nombre, deux de plus ce n’était pas une affaire.

La bonne femme pensa seulement que celles-ci étaient assez jolies pour tirer promptement leur épingle du jeu.

À ce premier instant du voyage, les deux jeunes filles gardaient le silence. Elles se tenaient par la main ; il y avait une tristesse grave sur leurs traits pâlis et fatigués. Il y avait aussi comme une vague épouvante. On eût dit qu’elles en étaient à hésiter sur les résultats d’une entreprise étourdiment commencée.

Il était bien tard pour réfléchir. La petite voiture avait déjà dépassé les dernières maisons du faubourg, et l’on n’apercevait déjà plus les tours Saint-Pierre, ces deux sœurs de granit, trapues, carrées, robustes comme les épaules des vieux guerriers bretons.

Toute dédaignée qu’elle était, la Concurrence suivait de près son orgueilleuse rivale. On pouvait même prévoir qu’avant peu elle allait prendre les devants.

Dans le coupé de la diligence, nos deux voya-