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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/163

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CHAPITRE III.

que j’ai parlé de toi encore plus que de moi !

— Merci…, dit-il, mais pouvait-on croire que mes craintes se réaliseraient sitôt ?… Toi, mon pauvre Roger, qu’on aimait tant au manoir de Penhoël !…

— On m’aimait, je le crois, et je n’en veux pas aux maîtres du manoir, car ils ont dû me défendre tant qu’ils ont pu contre la haine des étrangers… mais ils ne sont pas les plus forts, maintenant… et ce qui me désole, Étienne, c’est de n’être plus là pour veiller au besoin sur ceux que nous aimons.

— As-tu donc appris quelque chose depuis mon départ ?

— J’ai quitté Redon deux heures après toi… mais, pendant ces deux heures, j’ai causé avec le vieux Géraud… Il paraît que les affaires de Penhoël sont dans un bien triste état !… Géraud ne m’a pas dit tout ce qu’il sait, car sa discrétion égale son dévouement… mais le peu qu’il m’a confié donne déjà bien à réfléchir !… Figure-toi que Penhoël en est réduit, et cela depuis longtemps, à emprunter de l’argent au vieil aubergiste.

— Ils l’ont ruiné, murmura le jeune peintre.

— Ils l’ont ruiné !… répéta Roger ; et je me trouble en songeant que Cyprienne et Diane