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CHAPITRE PREMIER.

faire exécuter à sa grande figure hâlée toutes sortes de grimaces mignonnes.

Il mettait à se trouver charmant une bonne foi non suspecte.

— Voilà le jeu arrangé !… dit Blaise ; si tu avais le temps de me montrer un peu à faire danser Sa Majesté, Américain ?

Robert fit un geste d’impatience.

— Tu vois bien que je suis perdu au milieu de mes chiffres…, répliqua-t-il ; chaque fois que tu viens me conter comme cela quelque fadaise, je suis obligé de recommencer des calculs du diable… Sans toi, étourneau que tu es, je tenais ma martingale !…

— Ah ! ah !… fit l’Endormeur, un bel oiseau que ta martingale !… mets-lui un grain de sel sur la queue !

— Voyons ! s’écria Robert ; veux-tu me laisser en paix oui ou non ?

Blaise se reprit à battre ses cartes biseautées.

— Sois calme, Américain, dit-il ; on respecte ta martingale, mon fils… et on va tâcher de travailler tout seul.

Il étala ses cartes sur un coin de table et commença une série de tours d’adresse qui n’étaient pas sans mérite.

On frappa doucement à la porte.