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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/196

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LES BELLES-DE-NUIT.

— Ah ! fit Bibandier avec joie ; voilà mes papillotes.

Blaise avait abrité lestement son jeu de cartes dans la manche large de sa robe de chambre.

La porte s’ouvrit, et l’on vit apparaître un museau long et jaunâtre, tenant par un énorme col de crinoline à un uniforme de soldat du centre.

L’Alsace seule a le secret de produire ces excellentes têtes de troupiers, toutes en menton, et dont les joues, le nez, le front semblent se reculer humblement pour faire ressortir deux triomphantes mâchoires, capables d’exterminer une armée de Philistins.

— Ah !… dit Bibandier désappointé. Ce n’est que mon maître d’allemand… Bonjour, Graff.

Le soldat porta la main à son shako.

— Ponchur, messié, et la gombagnie…, dit-il en entrant. Ça fa-t-il gomme fus fulez ?…

— Ça fa gomme nus fulons, répliqua le noble baron Bibander.

— Pas mal, pas mal !… fit Blaise… Seulement ça ne me paraît pas assez senti… J’ai eu un portier qui était de Colmar et qui disait : Ça fa-t-il gômme fi filez ?

— Voyons !… s’écria Bibandier, tout ça dépend des dialectes… Il ne s’agit pas de plaisanter ici… Vous autres, vous en prenez à