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CHAPITRE XIX.

gens de loi sont venus dans mon auberge… ils m’ont mis dehors avec la vieille femme, qui pleurait… M. Jean, elle avait cru mourir dans l’aisance… C’est bien dur, à son âge, d’aller demander l’aumône par les chemins !…

René s’était assis sur une escabelle, le plus loin possible du grabat de Benoît.

— C’est moi !… prononça-t-il à voix basse, c’est encore moi qui suis cause de cela… Depuis deux ans, Géraud m’apportait de l’argent toutes les semaines… Le soir de la Saint-Louis, il me donna encore un sac en me disant :

« — Ceci ne vient pas de moi tout seul, car je suis ruiné, notre maître… J’ai dit aux bonnes gens de Glénac et de Bains : « Penhoël a besoin d’argent… » Et le sac s’est rempli…

« Et moi, ajouta René, je perdis cela en une seule partie !

— Tout ce que j’avais était à vous, Penhoël…, murmura Géraud ; ce que je regrette, c’est de n’avoir plus rien.

L’oncle Jean s’approcha de l’aubergiste et lui serra la main en silence.

— Mais, reprit ce dernier, ce n’est pas tout, mon Dieu !… Benoît disait encore autre chose… Est-il vrai qu’on peut vous perdre après vous avoir dépouillé ?… Est-il vrai que l’honneur de Penhoël est entre les mains de ces démons ?…