gens de loi sont venus dans mon auberge… ils m’ont mis dehors avec la vieille femme, qui pleurait… M. Jean, elle avait cru mourir dans l’aisance… C’est bien dur, à son âge, d’aller demander l’aumône par les chemins !…
René s’était assis sur une escabelle, le plus loin possible du grabat de Benoît.
— C’est moi !… prononça-t-il à voix basse, c’est encore moi qui suis cause de cela… Depuis deux ans, Géraud m’apportait de l’argent toutes les semaines… Le soir de la Saint-Louis, il me donna encore un sac en me disant :
« — Ceci ne vient pas de moi tout seul, car je suis ruiné, notre maître… J’ai dit aux bonnes gens de Glénac et de Bains : « Penhoël a besoin d’argent… » Et le sac s’est rempli…
« Et moi, ajouta René, je perdis cela en une seule partie !
— Tout ce que j’avais était à vous, Penhoël…, murmura Géraud ; ce que je regrette, c’est de n’avoir plus rien.
L’oncle Jean s’approcha de l’aubergiste et lui serra la main en silence.
— Mais, reprit ce dernier, ce n’est pas tout, mon Dieu !… Benoît disait encore autre chose… Est-il vrai qu’on peut vous perdre après vous avoir dépouillé ?… Est-il vrai que l’honneur de Penhoël est entre les mains de ces démons ?…