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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/76

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LES BELLES-DE-NUIT.

Personne ne répondit.

La voix creuse du vieux passeur s’éleva dans le silence.

— Il y a une chaîne d’or autour du cou de Madame, dit-il ; avec cela on peut aller bien loin.

Madame tendit sa chaîne d’or à l’oncle Jean.

— Il n’y a pas de temps à perdre !… s’écria l’aubergiste ; demain, avant le jour, il faut que vous soyez sur la route de Rennes, Penhoël ; les scélérats qui vous ont dépouillé pourraient bien se raviser.

— Qu’il reste ou qu’il parte, grommela Benoît Haligan, ils lui prendront son corps et son âme…

On ne l’entendit point.

— J’irai avec vous, reprit Géraud, fût-ce à Paris… car vous n’êtes pas habitué à vous servir vous-même.

— Mais votre femme ?… dit Marthe.

— Quand j’étais marin, repartit l’aubergiste, ma femme restait seule durant des années.

— Pauvre comme elle est maintenant, la bonne femme !… voulut objecter encore l’oncle Jean.

L’aubergiste hésita un instant.

— Écoutez !… dit-il ensuite avec simplicité, mais de ce ton péremptoire que l’on prend pour lancer un argument sans réplique, je suis né sur Penhoël…

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