Aller au contenu

Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
LES BELLES-DE-NUIT.

— Encore tu !… s’écria l’Endormeur… Américain, mon fils, vous avez la tête dure… et je commence à craindre de voir notre petite discussion dégénérer en une mauvaise querelle !

Blaise ne souriait plus.

— Voyons…, dit Robert, qui commençait à s’inquiéter, je t’accorde tes dix mille francs de rente, bien que ce soit absurde… Nous ne sommes pas en position de faire un éclat.

— Vous, peut-être, mon ancien seigneur… Mais moi, cela m’est parfaitement égal !… Écoutez donc !… chacun a ses petites faiblesses… Depuis trois ans, je songe tous les jours au plaisir que je me donne en ce moment… Vrai, ajouta-t-il en se prenant à rire, trois ans ce n’est pas trop… car je m’amuse comme un bienheureux !

Robert avait la tête basse et semblait réfléchir.

— Et quand je songe que j’ai trois ans à m’amuser ainsi, reprit Blaise, ma parole, je ne me sens pas de joie !

Robert jeta un regard de côté vers l’épée de l’oncle Jean, qui restait à portée de sa main.

Blaise ne perdit point ce mouvement.

— Oh ! oh ! fit-il, je croyais que nous n’étions pas en position de faire un éclat !…

La lèvre de Robert tremblait ; il était tout blême de colère.