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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/196

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LES BELLES-DE-NUIT.

sincère ? Ce beau regard pouvait-il accompagner le mensonge ?

Montalt aurait voulu seulement interroger, pour entendre encore cette voix sympathique et douce, qui descendait tout au fond de son cœur.

Mais le temps lui manquait. Il sentait le sommeil vainqueur courber sa volonté forte ; ses paupières battaient ; sa tête, appesantie, allait tomber sur sa poitrine.

Tout, autour de lui, vacillait déjà, comme les objets que l’on voit en songe.

Il y avait dans cet état quelque chose de délicieux. Montalt se laissait aller voluptueusement à ce demi-sommeil qui le berçait. Il ne dormait pas encore, mais il rêvait déjà…

Quelques minutes à peine s’étaient écoulées, depuis l’instant où sa voix, railleuse et dure, arrivait à l’oreille des deux pauvres filles comme un sarcasme et une menace. Maintenant, sa voix était douce, tendre, presque soumise, et ses yeux, qui nageaient dans une langueur molle, semblaient implorer l’amour.

Non point l’amour que le maître du harem demande à ses esclaves, non pas l’amour que vous avez quêté, jeunes gens, aux genoux de la maîtresse idolâtrée. Que dis-je ? Il y avait de la passion pourtant dans ce regard, une passion profonde et recueillie.