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CHAPITRE XIII.

La tendresse paternelle est austère. Pour trouver un objet de comparaison, il faudrait se représenter la jeune mère qui se penche, heureuse, sur le berceau de son enfant.

Et toute cette adoration s’était fait jour, non point à cause du récit de Diane, mais pendant le récit, qui lui avait servi seulement de prétexte et de transition.

Tandis que le nabab raillait naguère, il aimait déjà, et la moquerie déchirait son propre cœur.

Ce cœur, fermé de force à toute tendresse, et qui, depuis vingt ans, souffrait d’un immense besoin d’aimer !

Montalt tenait toujours les mains des deux jeunes filles entre les siennes et les serrait doucement contre sa poitrine.

Diane et Cyprienne souriaient, sans crainte ni défiance. Elles ne sentaient point trop ce qu’il y avait d’inexplicable dans la tournure que prenaient les choses.

Et, par le fait, pour tenter cette démarche téméraire, il fallait bien qu’elles eussent espéré un dénoûment de ce genre.

En faisant la part la plus large possible à leur romanesque ignorance, il fallait bien encore, pour expliquer comment cet espoir insensé avait survécu à leur entrée dans l’hôtel du nabab,