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CHAPITRE V.

Diane fronça le sourcil.

Madame Cocarde haussa les épaules et se dirigea vers la porte.

— Voilà comme ça se joue !… grommela-t-elle en levant les yeux au plafond. Quand je pense que ces petites bégueules-là se laissent mourir de faim auprès de la soupière pleine !… car je vous le dis encore, quoique ce soit, en conscience, jeter des perles… je m’entends bien !… oui, mesdemoiselles sans le sou, il y a un monsieur, un millionnaire, qui en fait, pour vous, des pas et des démarches !… un homme tout ce qu’il y a de mieux !… et si vous vouliez, demain vous auriez équipage.

Point de réponse. Diane releva l’oreiller du lit pour faire la couverture.

Les yeux tendres et clignotants de madame Cocarde eurent un éclair, et sa bouche pincée fit une grimace méchante.

— Équipage, mademoiselle Diane, répéta-t-elle, vous qui n’avez plus de souliers… entendez-vous ?

Ceci fut dit avec une explosion d’aigreur et de malice. La petite femme mettait bas décidément son masque doucereux pour lâcher bride à sa langue barbelée, mauvaise, griffue comme la patte d’un chat en colère.

Elle avait encore deux ou trois pas à faire