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CHAPITRE XXIII.

laquelle deux bouilloires d’argent chauffaient. Dans l’une d’elles, il y avait de la tisane pour Blanche ; dans l’autre, de l’eau pour le thé de Diane et de Cyprienne.

Nawn s’accroupit devant le foyer et ranima le feu.

Il y avait sur son visage pensif de l’hésitation et de la pitié.

— Elles sont bien belles, ces deux jeunes filles !… murmura-t-elle ; elles sont bien douces… et leurs voix vont au cœur… Moi, je suis vieille et je suis laide.

Elle souleva le couvercle de la bouilloire qui contenait l’eau pour le thé.

— Et puis…, grommela-t-elle en fronçant le sourcil, ce sont toutes ces belles filles qui font pleurer ma maîtresse !… Pauvre Mirze !… comme elle était belle avant que les larmes eussent creusé ses yeux !… On l’aimait autrefois… maintenant, elle est dédaignée.

Tout en parlant, Nawn caressait, au fond de sa poche, des pièces d’or qui tintaient légèrement.

Elle retira sa main pleine de louis et les compta d’un regard joyeux.

— Oui, oui…, reprit-elle, ce que j’en fais, c’est pour ma bonne maîtresse. Que m’importe cet or ?…