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LES BELLES-DE-NUIT.

Son œil amoureux démentait ses paroles.

Quand elle eut bien contemplé ses louis, elle les remit dans sa poche et tira de son sein une petite fiole de verre.

En ce moment, Blanche ouvrait les yeux à demi. Elle jeta son regard éteint autour d’elle…

— J’ai rêvé…, pensa-t-elle ; j’ai vu mes deux cousines qui sont mortes… Elles souriaient toutes deux au pied de mon lit…

Sa paupière retomba, lassée, tandis que ses lèvres pâles murmuraient une prière pour les pauvres belles-de-nuit…

Sa raison, affaiblie comme son corps, ne cherchait point à se rendre compte de sa situation nouvelle. D’ailleurs, le demi-jour qui régnait dans la chambre la trompait ; elle ne savait pas où elle était.

Nawn avait débouché, à l’aide de ses dents, le petit flacon de verre.

Elle murmurait en regardant la bouilloire :

— Cela tue vite… les jeunes filles ne souffriront pas.

Son hésitation était finie.

Elle étendit la main et versa dans l’eau chaude la moitié du contenu de son flacon.

Nul bruit ne se faisait dans la chambre, et pourtant Nawn n’était plus seule.

En sortant, Diane et Cyprienne n’avaient