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CHAPITRE XVII.

utile, la première chose était de posséder la somme qui devait racheter le manoir, ou du moins une grande partie de cette somme.

Et Robert s’ingéniait. Puis, tout à coup, la pensée du danger présent se jetait à la traverse de ses combinaisons d’avenir.

Le nabab était là, devant lui, fort et armé de ses millions.

Était-il possible de le ramener ? ou fallait-il désormais le combattre comme un irréconciliable adversaire ?

Là était la plus grande perplexité de Robert. Tantôt il avait envie de se rendre à l’invitation de Berry Montalt, et de recommencer avec lui une lutte d’adresse ; tantôt il reculait, vaincu d’avance, parce qu’il voyait, entre le nabab et lui, les sourires ennemis et moqueurs des deux filles de l’oncle Jean.

Sa face pâle se rougissait alors de colère, et ses doigts se crispaient convulsivement, tandis qu’une pensée de sang traversait son esprit.

C’étaient elles, les deux filles détestées, qui avaient suscité tous les obstacles de sa route ! La haine qu’il leur portait n’était plus cette aversion de comédie qu’il gardait au vieux Penhoël ; c’était la haine tragique, à laquelle il faut la mort.

Il avait peur d’elles, et cette crainte prenait