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LES BELLES-DE-NUIT.

dans son esprit, sceptique pourtant, un caractère presque superstitieux.

Le résultat de ces réflexions fut qu’il y avait danger à remettre les pieds chez le nabab, dont l’invitation cachait peut-être une embûche.

Une fois cette donnée admise, il fallait se tourner d’un autre côté. Robert entra chez un écrivain public et demanda ce qu’il faut pour écrire.

Il réfléchit durant quelques secondes, puis sa plume courut sur le papier. La lettre était pour le vieux Jean de Penhoël.

Robert connaissait parfaitement le bon oncle en sabots ; il savait comment le prendre. Son billet, tracé en deux minutes, était un petit chef-d’œuvre de concision et d’adresse. À la lecture de ces lignes, le vieux sang de Penhoël devait bouillir dans les veines de l’oncle Jean.

Et le bonhomme était une rude lame, malgré son air humble et ses cheveux blancs.

Robert plia sa lettre à la hâte et la remit au commissionnaire du coin.

— Vous allez porter cela au n°… de la rue Sainte-Marguerite, dit-il ; vous monterez, sans rien demander au concierge, jusqu’au dernier étage de la maison… En cherchant bien, vous trouverez la porte d’un grenier où demeure une pauvre famille… Là, vous demanderez