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LES BELLES-DE-NUIT.

famille bretonne, ruinée et perdue par une lente trahison.

Il se rejeta violemment en arrière et referma d’un geste brusque les battants de la croisée.

Son front s’était chargé d’un nuage plus sombre.

— Si je croyais… ? murmura-t-il.

Sa pensée ne s’acheva point, mais il joignit les mains et leva les yeux au ciel.

Il traversa la chambre et alla tomber dans un fauteuil, derrière son lit, à côté du petit meuble renfermant la boîte de sandal au couvercle de diamants.

Il introduisit la clef dans la serrure, et prit la boîte, qu’il tint, durant plusieurs minutes, dans sa main, comme s’il n’eût point osé l’ouvrir.

En ce moment ses traits bouleversés peignaient des émotions contraires et indéfinissables.

— Si je croyais ?… répéta-t-il en pressant son front à deux mains.

Il se leva et arpenta de nouveau la chambre, mais cette fois à grands pas et avec une agitation qu’il ne cherchait point à réprimer.

Tout en marchant, il murmurait :

— Il faut que je sache !… Peut-être ai-je à me repentir ?… Si Dieu était bon !… et si mon cœur n’était pas mort.

Il s’élança tout à coup vers son secrétaire et traça sur le papier quelques lignes rapides.