Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
CHAPITRE XVIII.

C’était une lettre ; sur l’enveloppe il écrivit :

À M. le chevalier de las Matas, hôtel des Quatre Parties du monde.

— Faites porter cette lettre à son adresse, dit-il à Séid accouru au bruit de la sonnette ; qu’on dise à M. le chevalier que je l’attendrai ici jusqu’à onze heures.

Séid sortit. Le nabab resta les deux coudes appuyés sur la tablette de son secrétaire.

— Il me faut cette lettre ! murmura-t-il après un instant de silence. Si cet homme a dit vrai, il doit l’avoir conservée pour s’en servir à l’occasion… Il me la faut !… Dussé-je la payer au poids de l’or, je la veux !

Il regarda la pendule qui marquait dix heures.

Puis il reprit en se renversant sur le dos de son fauteuil :

— Viendra-t-il ?… Et cette lettre, d’ailleurs, existe-t-elle ?… Tout cela n’est-il point mensonge ?…

Il se tut et demeura les yeux fixés sur la pendule, suivant la marche lente des aiguilles.

Durant toute cette heure, il ne prononça plus une parole, et son visage, qui était redevenu immobile, ne trahissait point ce qui se passait au dedans de lui-même.

Pourtant, un monde de pensées envahissait