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CHAPITRE XX.

poussière, afin de prendre la place encore chaude du malade. Il trouva l’écu de trois livres et le glissa furtivement dans sa poche.

Sa face hâve et comme pétrifiée eut un sourire idiot.

Madame était toujours assise à la place où nous l’avons vue la veille. Ses deux mains se croisaient sur ses genoux. Elle s’appuyait à la muraille et demeurait immobile. Sa figure amaigrie était si pâle qu’on aurait pu croire que la vie l’avait abandonnée.

L’oncle Jean était à genoux auprès d’elle et la contemplait en silence.

On frappa à la porte du grenier. L’oncle en sabots pensa que c’était le voisin qui revenait.

— Entrez…, dit-il.

La porte s’ouvrit, et un homme, portant le costume de velours râpé des commissionnaires, entra.

Il regarda tout autour de lui d’un air étonné.

— C’est ici que demeure M. Jean de Penhoël ?

— Oui…, répliqua l’oncle c’est moi qui suis Jean de Penhoël.

— Alors, reprit l’Auvergnat, c’est à vous que je dois donner cette lettre.

Puis il ajouta tout d’un trait, pour avoir le droit de s’échapper, car la vue de cette misère lui chargeait le cœur :