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LES BELLES-DE-NUIT.

le plaça dans le creux de sa main ; il le tourna, le retourna, l’examina dans tous les sens.

Un vague sourire venait à sa lèvre.

Quand ses yeux quittèrent la pièce de monnaie, ce fut pour se tourner vers sa bouteille qu’il avait laissée à son ancienne place.

Son sourire se renforça plus joyeux.

Mais quand son œil, en faisant de nouveau le tour du grenier, vint à tomber sur Marthe qui lui tournait le dos, il n’eut plus de sourire.

Ses prunelles éteintes brûlèrent tout à coup ; les rides de son front se creusèrent.

Quiconque eût vu ce regard aurait frissonné à la pensée d’un crime.

Le crime devait être hideux dans ce réduit tout nu, entre ces deux êtres affaiblis et brisés par la misère…

Marthe ne savait pas. Elle songeait, comme toujours, au martyre présent et au bonheur passé. Trois noms étaient sur sa lèvre et au fond de son cœur.

Diane, Cyprienne… Blanche ! Blanche, surtout, qui vivait, Blanche, l’idole adorée à genoux, l’amour de ce cœur flétri, l’espoir de cette vie brisée !

Les autres étaient mortes ; elles avaient le bonheur aux pieds de Dieu. Mais Blanche qui souffrait, Blanche, la victime d’un piége mysté-