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CHAPITRE XX.

mur, regarder sa femme avec des yeux flamboyants.

Ses lèvres blêmes tremblaient en murmurant de menaçantes paroles, qui arrivaient, confuses, jusqu’à l’oreille du malade.

Marthe dormait, couchée sur sa paille.

Les doigts de René se crispaient convulsivement ; on eût dit qu’il allait s’élancer sur elle et l’étouffer entre ses bras décharnés.

Mais le vieux Géraud avait la fièvre qui amène les visions terribles et les mauvais rêves…

Le lendemain René était toujours accroupi dans son coin et rien n’avait troublé le pauvre sommeil de Marthe.

L’oncle Jean ne songeait plus à cette circonstance. L’idée ne lui vint même pas de craindre tandis qu’il fermait la porte du grenier sur René de Penhoël et sur sa femme.

René était étendu sur le matelas, à la place du père Géraud, et faisait mine de dormir.

Dès que le bruit des sabots de l’oncle Jean s’étouffa au bas de l’escalier, il rouvrit les yeux pour jeter autour de lui son regard indécis et lourd.

Puis il se souleva lentement et s’assit sur le matelas.

Il prit dans sa poche l’écu de trois livres ; il