Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LES BELLES-DE-NUIT.

raissaient lointains déjà ! Elles doutaient presque d’avoir été si malheureuses.

Chacun des objets restés dans la chambrette était salué par elles comme un ami cher. La harpe, le petit lit et l’image sainte de la Vierge, qui avait gardé si longtemps leur sommeil…

— Te souviens-tu, ma sœur ? disait Cyprienne. Nous étions là toutes deux à genoux, quand madame Cocarde est venue nous chercher hier.

— Hier !… répéta Diane toute pensive ; était-ce bien hier ?…

Cyprienne se mit à sourire.

— Oh ! oui…, dit-elle, c’était bien hier que j’avais grand’faim, mon Dieu !… Et toi… tu ne te plaignais pas… Jamais je ne t’ai entendue te plaindre… mais je suis bien sûre que tu souffrais aussi !

— Je souffrais pour toi…, murmura Diane, et pour Madame… Oh ! cela me brisait le cœur de penser que nous ne pouvions rien pour la secourir !

Cyprienne sauta de joie.

— Madame !… s’écria-t-elle, notre chère Madame ! Que Dieu est bon et que nous sommes heureuses !… Ma sœur, c’est nous qui l’aurons sauvée !… C’est nous qui lui rendrons son Ange bien-aimé !