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Elle veillait, immobile et grave, sur le sommeil de sa fille.

Le Poussah, lui, le père Preux, le lord-maire de cette cité — « Monsieur le Principal » — était au second étage de la grande-maison, soufflant auprès de sa fenêtre ouverte. Il vivait seul. Son ménage était fait par ce soldat de la caserne Babylone qui le voiturait aussi jusqu’à l’omnibus.

Pour monter ses étages, il avait les locataires en retard, tantôt l’un, tantôt l’autre, qui poussaient par derrière pendant que le soldat tirait en avant.

D’apparence, le père Preux était un vieillard apoplectique et menacé de mort à chaque instant par la courte haleine. Il mesurait dans sa veste de tricot rouge, immense et pleine à crever, la circonférence d’un hippopotame.

En réalité, il n’avait pas cinquante ans.

Sa figure, déformée par l’obésité, pendait littéralement sur son gilet ; mais au milieu de cette masse molle il y avait un nez aquilin, arrêté vivement, et deux yeux vivants, à l’émail teinté de rose, qui regardaient rond comme ceux des oiseaux de proie.

Il avait achevé son dîner et faisait ses comptes du jour entre sa pipe et une vaste cruche de bière. On l’entendait gémir et respirer d’en bas. Cela ne l’empêchait pas d’être de bonne humeur, car il chantonnait une gaudriole en s’arrêtant deux fois par mesure pour souffler.

César dictait à je ne sais plus combien de secrétaires.