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Le Poussah était aussi fort que César, car tout en soufflant, chantonnant et additionnant, il trouvait encore moyen de causer tout seul.

— C’est un damné gredin ! pensait-il, et je parierais ma tête qu’il aura les millions en fin de compte : Voilà trois fois qu’il vient ici, c’est drôle. Que peut-il me vouloir, cet Italien, confit à la pommade ?

Un bruit de pas se fit au-dehors dans la ruelle. Le Poussah tira tout doucement une ficelle qui releva un petit miroir, de ceux qu’on nomme « espions. » Ce miroir, incliné au coin de la fenêtre, selon l’angle voulu, lui renvoya la partie de la grande rue qui montait à la rue de Babylone.

Un homme d’apparence jeune encore et très-élégamment vêtu s’approchait, manœuvrant avec précaution ses bottes vernies dans l’épaisse poussière du chemin.

— C’est lui ! gronda le Poussah, dont la grosse figure prit une expression avide et rusée. C’est fin, les oiseaux d’Italie, mais celui-là vient trop souvent au trébuchet. Je l’aurai !