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Tonneau était un vieux chien presque aussi gros que son maître, qui grognait, couché derrière le lit. Le père Preux ajouta en s’adressant toujours à Tonneau :

— Tu ne dois affronter que les pauvres et ce coquin-là a de quoi !

Le nouvel arrivant gravit l’escalier d’un pas leste et fit presque aussitôt après son entrée.

À tous égards il mériterait une description particulière si nous ne le connaissions suffisamment par avance et très-intimement.

C’était notre Pernola, le joli comte, l’excellent cousin des Sampierre, dont le jeune âge, il y a vingt ans, était si plein de suaves promesses. Nous devons dire tout de suite qu’il n’avait pas vieilli d’un jour depuis le temps. Il était aussi frais, aussi blanc, aussi battant neuf que le fameux soir de la fête orientale. Il y a parmi ces Italiens des matières premières inusables qui font de véritables confitures d’ingénus.

On n’en voit jamais la fin.

Mais la beauté n’est rien, ce qui frappait dans notre Giambattista parvenu, sans en voir l’air, à la maturité de la vie, c’était la franchise bienveillante et pleine de finesse, la douceur, le moelleux, la galanthommerie, s’il est permis de s’exprimer ainsi. Il était si coulant, si décent, si charmant que les chiens le léchaient dans la rue. Et digne, avec cela, et gracieux et tout !

Que diable un pareil bijou pouvait-il avoir de commun avec le Poussah du trou Donon ?

— Eh bien ! voisin, dit-il en entrant — et cette question banale aquérait un attrait en tombant de