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La scène va se passer dans une maison de Ville-d’Avray, située sur la lisière du Bois de Fausse-Repose. Ce terrible chasseur de chevelures, le vicomte de Mœris, avait eu cette maison en location deux ans de suite. Il y menait assez joyeuse vie. On y fit la vente de ses meubles à la fin de l’été dernier.

Cette villa est, du reste, bien connue à Ville-d’Avray sous le nom de la Folie-Gaucher. Elle a été bâtie sur les débris d’une « petite maison » appartenant jadis à un financier folâtre, et l’on voit encore à l’intérieur quelques reliques galantes, entre autres une « chambre sans fenêtres ».

C’est aujourd’hui lundi. Mardi dernier, le surlendemain du jour où le jeune maître Édouard reçut son coup de couteau, un monsieur, en quête d’une maison de campagne pour la saison, se présenta chez le jardinier-concierge de la villa dont je parle et parut contrarié quand il apprit qu’une jeune dame fort élégante avait emménagé depuis un mois.

Elle était absente, pour le moment, chassée par les pluies de la première quinzaine d’août, mais on l’attendait, au plus tard, le jeudi suivant.

Le lendemain, dans la nuit du mardi au mercredi, vers onze heures, le chien du jardinier hurla, mais il se tut presque aussitôt après, et le jardinier, à demi éveillé par cette alerte, se rendormit.

Le jardinier eut tort de se rendormir ; son chien était de bonne garde.

Il y avait trois hommes dans le jardin. Un de ces hommes caressait familièrement le chien avec lequel il