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— Je tiens toujours pour la cocotte, dit Moffray.

— Moi, pour la femme du monde, répliqua Mœris : je m’y connais !

Ils commençaient à se retrouver.

La porte, en s’ouvrant, montra une taille élégante, jeune, toute gracieuse ; la figure disparaissait sous un loup de bal masqué.

— Grande dame ! murmura le vicomte.

— Cocotte ! riposta Moffray.

Ils s’inclinèrent très correctement tous les deux, et Mylord se leva pour joindre son salut aux leurs.

La châtelaine vint droit à lui.

Elle lui prit le bras en disant aux deux autres :

— C’est le seul étranger, je lui fais les honneurs.

Mylord ne manifesta ni plaisir ni peine en sentant le bras de la dame sous le sien. Celle-ci passa la première et dit en gagnant la fameuse « chambre ronde » :

— Il est juste que vous sachiez comment je m’appelle, car je crois que mon concierge a oublié de le dire à M. Moffray, quand il a pris la peine de venir, hier, aux informations. Je suis madame Marion, une parisienne de province ou d’ailleurs. Je passe pour veuve. J’ai quelques petites rentes : juste assez pour recevoir mes amis avec tout plein de plaisir. Placez-vous comme vous voudrez. Vous êtes chez vous, et le vicomte sait bien que ces chambres sans fenêtres sont une des plus jolies inventions du bon vieux temps. Dès que les portes sont fermées, on y est admirablement seul.

Chacun s’assit. La glace eut d’abord quelque peine à se rompre, mais Mme Marion était de si bonne humeur !