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naient, mais elle continuait de parler ou plutôt de balbutier des phrases inintelligibles dans lesquelles le mot miracle revenait fréquemment avec le nom de Domenico.

Sous la porte, elle appela les pauvres et vida sa bourse entre leurs mains.

Au moment de monter en voiture, elle semblait un peu calmée.

Elle put remercier ceux qui l’avaient secourue.

— Si vous saviez, mes amis, mes bons amis ! ajouta-t-elle en portant à ses lèvres le papier qu’elle avait toujours à la main. Dieu a eu pitié de moi ! c’est un éclatant miracle… À l’hôtel ! vite, Constant, à l’hôtel !

La voiture s’ébranla, mais avant qu’elle eût tourné l’angle de la rue de Babylone, la marquise sonna violemment son cocher.

— Chez M. Moffray ! cria-t-elle. Je veux lui demander conseil. Poussez vos chevaux, Constant… Non ! monsieur de Mœris est un homme plus résolu !… Constant ! à l’hôtel du Louvre !

Et trois secondes après :

— Constant ! Constant ! tournez la rue de Grenelle. C’est Laure que je veux ! Je la veux à l’instant même. Je vais rue de Saint-Guillaume, chez Mme la baronne de Vaudré ! La lettre dit : « Soyez prudente… » Mon Dieu ! mon Dieu ! je ne dirai rien à personne ! Ils m’ont pris mon Roland ! Je jure que si mon Domenico m’est rendu, je saurai le défendre contre eux et contre tous !

Elle essaya encore de lire le mystérieux écrit qui avait