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Vers dix heures du soir, en cette même journée où M. de Sampierre avait fait ses dévotions à la cathédrale de Milan, le vicomte Jean de Tréglave était couché sur son lit d’auberge, inanimé et comme mort. Laurent, agenouillé à son chevet, cachait dans les couvertures son visage baigné de larmes.

Il venait de rentrer. Une indication erronée l’avait dirigé sur une fausse piste, et il montait la garde derrière les jardins du palais Sampietri, au moment où son frère était poignardé aux environs du Dôme.

Le docteur Strozzi et Laura-Maria s’empressaient autour du patient.

Un bruit se fit dans la pièce voisine, et François Preux, entr’ouvrant la porte, montra sa grosse figure fûtée.

Il leva un doigt. Laura-Maria vint à lui. Il dit :

— C’est le Pernola qui apporte l’argent.

— Prenez l’argent, répliqua tout bas la belle fille, et renvoyez le Pernola.

— C’est que, reprit François Preux : il voudrait voir.

On a ce droit-là quand on paye. Maria hésita pourtant.

Mais ce ne fut pas long. Elle rabattit précipitamment son voile, passa le seuil et se trouva en présence du petit comte.

Les yeux de celui-ci, étincelants de curiosité, essayèrent de percer le voile. Il salua jusqu’à terre.

— Suis-je assez heureux et honoré, dit-il de sa voix