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Hélas ! l’infortuné Giammaria, marquis de Sampierre, se trouva incapable d’aller si vite en besogne. Loin de diminuer, sa détresse semblait grandir, et certes on avait sujet de s’étonner qu’une émotion pareille fût produite par la perte d’un joyau quel qu’en fût le prix. Lui avait-on volé quelque chose comme le Régent de France ou la Lumière du grand Mogol ?

— Je ne peux pas vous voir tous à la fois ! balbutia-t-il d’un accent découragé.

— Au défilé ! commanda la Russe impitoyable. Mesdames, passons la revue !

Et comme il était dit il fut fait. M. le marquis se tenait près de la porte, brisé, défait, appuyé au chambranle. On défila dans toute la force du terme devant lui. La porte donnait du grand salon dans la galerie. Tout Paris, le plus grand « tout Paris » qu’on eût vu rassemblé, choisi, mis en bouquet depuis bien longtemps, passa là docilement et lentement, comme à la parade.

Mais il ne s’arrêta point dans la galerie. Chacun continua sa route sans regarder derrière soi, jusqu’au vestibule, puis jusque dans la rue.

Les merveilles de l’hôtel Paléologue ne devaient pas servir deux fois.

Pendant que les équipages, appelés tous ensemble, embarrassaient leurs manœuvres à grand fracas, la Russe dit (ah ! elle était franche) :

— Les empereurs d’Orient sont morts, les millions n’y font rien. Ce pauvre bonhomme et sa femme sont des petites gens d’Italie, et leur bijou perdu, qui