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s’appelle Jean de Tréglave, s’est sauvé par une fenêtre !

Une heure après, M. le marquis de Sampierre, plus pâle qu’un mort, la marche chancelante et les yeux fous, errait tout seul, comme une âme en peine, dans ce palais vide qui devenait sinistre à force d’être éblouissant.

Il appela, un domestique vint et reçut l’ordre d’aller chercher Phatmi, la première femme de chambre de Mme la marquise.

Celle-là était encore l’Orient, mais le vrai. Pas un costume dans la fête qui venait de finir n’aurait pu rivaliser avec le sien pour le caractère et la couleur.

C’était une robuste fille à l’aspect vaillant dont les sourcils joints abritaient des yeux de feu. Elle avait la jupe de laine à ramages brodés des Tziganes de Bucharest, le tablier de cachemire, largement lamé d’argent, la grande chemise de percale jetée sur le tout et serrée aux hanches par une ceinture à franges.

Sur sa tête, une écharpe de mousseline serrait ses tempes et laissait échapper la profusion de ses cheveux noirs nattés, rejetant par derrière des bouts énormes qui tombaient jusqu’à ses pieds.

Elle avait aux oreilles deux anneaux d’or, grêles et ronds, soutenus en dedans par des S ; à son cou pendait le fameux collier-dot, composé de doubles lires roumanes dont chacune valait à peu près deux guinées et qui se plaquaient comme un hausse-col, soudées qu’elles étaient à un cercle d’argent.