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— Non, répliqua M. de Sampierre.

— Voulez-vous le savoir ?

— À quoi bon ? c’est un duc…

Pernola eut un bon petit rire et repartit :

— Alors, vous pensez qu’on ne peut pas condamner un duc ? Les avis sont très-partagés. Chacun juge selon sa passion. Moi je ne dédaigne personne, vous savez : Hier soir, chez votre concierge, on causait de cette histoire-là… On en cause à tous les étages de toutes les maisons et ce vieux fou de Paris rajeunit de cent ans quand il tombe sur pareille matière à bavardage. Le portier, qui est un don Juan, disait que madame la duchesse était une béguine insupportable, une rabat-joie, une SAINTE !… et si vous saviez quel amer dédain contenait ce mot-là ! — Était-ce une raison pour la hacher ? s’écriait la portière. Les maris vont-ils nous tuer maintenant pour notre bonne conduite ? Si on s’amuse, un coup de couteau, si on ne s’amuse pas, cent coups de hache ! Et ça n’est plus seulement les malheureux. Voilà les pairs de France qui mettent la main à la pâte ! On va bien voir si les juges osent donner son compte à ce coquin-là ! Il faut qu’il aille à la guillotine !

M. le marquis avait écouté attentivement.

— Eh bien ! dit-il, c’est précisément mon point de vue.

— D’accord ! fit le jeune comte dont le sourire devint presque espiègle, mais ce n’est pas celui de M. le duc de Praslin qui a essayé de se tuer dans sa prison.