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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/112

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Depuis vingt ans, la pensée du compte qu’il devait à la justice humaine ne l’avait jamais abandonné.

Mais l’inquiétude qui était dans son regard disparut au bout de quelques secondes, et avant même que Pernola eût quitté sa posture de guetteur, M. de Sampierre, renversé dans son fauteuil, égarait ses yeux au plafond.

Au boutade deux ou trois minutes, pendant lesquelles le plus profond silence n’avait cessé de régner au dehors, Pernola revint à son siège.

Il ne s’expliqua point sur ce qu’il avait vu, mais il était très pâle.

Il avait fermé les deux fenêtres donnant sur les bosquets.

M. de Sampierre ne lui adressa aucune question.

— Giammaria, reprit le comte après un silence et en parlant très-bas, vous m’excuserez. Certaines précautions qui peuvent vous sembler futiles ou exagérées sont de la plus absolue nécessité, — non pas pour moi, assurément ; moi, je ne compte pas : il ne s’agit que de vous. Vous n’avez aucune idée des dangers qui vous entourent.

— Étais-je plus en sûreté là-bas, chez le docteur ? demanda le marquis.

— Non. Vous étiez plus exposé encore. Il n’y a qu’un seul endroit où l’on puisse se cacher aisément, c’est Paris.

Le front de M. de Sampierre se plissa, pendant qu’il répétait :

— Se cacher !