Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/121

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échappé par miracle. Ne reculez pas ; sondez de l’œil cet abîme ; peut-être apercevrez-vous tout au fond le cercueil de ce cher jeune homme, Roland de Sampierre, votre premier-né !

— Qui donc accusez-vous de sa mort ? demanda le marquis terrifié.

— Il était l’héritier, répondit Pernola en appuyant sur ce mot.

— Mais princesse Charlotte est héritière aussi…

— Savoir !

L’emphase que Pernola mit dans cette parole lui attira une nouvelle question de M. de Sampierre. Au lieu de répondre, Pernola reprit :

— Il y a quelqu’un de plus menacé que vous-même ; c’est moi. On a tenté déjà bien des fois de m’assassiner, parce que je suis à la fois l’héritier dans l’avenir et le garde-du-corps dans le présent.

— C’est pourtant vrai, cela ! murmura le marquis comme si cette idée eût été nouvelle pour lui : vous êtes mon héritier, vous, Giambattista !

Pernola vit le danger ; il s’inclina gravement pour répliquer :

— La Zingare de Pœstum, la devineresse de Paris, la Voyante de Glasgow et le médium de Baltimore vous l’ont dit en ma présence et dans les mêmes termes : de nous deux je mourrai le premier.

— C’est encore vrai ! répéta M. de Sampierre : ils l’ont prédit tous les quatre !

Et il ajouta :