Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/158

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Il en fut de même des quelques mots échappés à la taciturnité de la belle-mère de Joseph Chaix.

Quant aux souvenirs personnels de Charlotte, ayant trait à la marquise Domenica et à M. de Sampierre lui-même, Chanut paraissait s’en préoccuper médiocrement.

Il demanda le signalement exact du médecin d’Italie qui était venu pour soigner la dernière maladie du jeune comte Roland.

Il éplucha minutieusement la mémoire de Charlotte au sujet des relations nouées avec tant de précipitation entre Domenica et la belle baronne Laure de Vaudré.

En parlant de celle-là, Mlle d’Aleix dit :

— Elle me fait peur, et j’aurais voulu l’aimer.

Quand elle eut achevé, M. Chanut appuya sa main contre son front plissé. Il songeait profondément.

Mme Chanut entrebâilla la porte pour dire :

— La petite voisine qui travaille pour ce gros M. Preux a ouvert chez elle. Méfiez-vous, quand vous traverserez le carré !

La porte se referma. M. Chanut pensa tout haut :

— S’il pesait seulement cinquante kilos de moins, ce monstrueux coquin nous ferait bien de la misère ! Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que vous l’aviez consulté, princesse ?

— J’avais honte, répondit Charlotte. Je ne l’ai vu que deux fois. Je savais que le comte Pernola se servait de lui : j’ai voulu savoir…

— Et vous n’avez rien su, interrompit Chanut qui se leva. Je ne vous blâme pas. Il y a des positions où un